Hollande peut-il tomber dans un mois ?  :


Le mouvement Nuit debout prend de l’ampleur. Et il n’est pas près de s’essouffler. Au point de mettre en danger le pouvoir exécutif…

Le mouvement Nuit debout, initié le 32 mars 2016 (dans le prolongement de la manifestation du 31), peut-il aboutir à un « Crépuscule politique » vers la fin du mois de mai, se soldant par la chute du président de la République française ?

Un événement, nous expliquent les penseurs modernes, est une chose par nature imprévisible (on dit qu’elle est contingente). Cela veut dire que l’événement peut surgir à tout moment sans obéir à une quelconque loi, fût-elle historique ou sociologique. Certains vont même jusqu’à prétendre que, pour le faire exister, il suffirait de pouvoir le nommer. Les événements de Mai 68 en sont devenus l’exemple classique.

On ne peut donc pas savoir si le mouvement Nuit debout, qui n’en est qu’à trois nuits, sera un « événement », même si les médias peuvent déjà le nommer. Il peut très bien faire « pschitt » dans la semaine qui vient. Il peut aussi monter, comme un soufflé, et, à la manière du mouvement du 22 mars, aboutir à un nouveau Mai 68.

LA RÉVOLUTION : UNE SPÉCIALITÉ FRANÇAISE !

La première hypothèse ne méritant pas qu’on s’y attarde, je ne me pencherai que sur les conditions d’émergence de la seconde. S’il y a un domaine où notre pays a préservé un leadership international, c’est celui de la révolution. Nous y sommes très forts, pratiquement sans égal dans le monde. Marx et Engels avaient remarqué que le peuple, en France, avait en cette matière une inventivité particulière. C’est encore plus vrai à Paris qui semble situé sur une faille tectonique très active tant on y ressent régulièrement les secousses historiques.

La façon dont le séisme s’est propagé, en 68, entre l’occupation de la tour administrative de l’université de Nanterre le 22 mars et le départ en hélicoptère de De Gaulle le 29 mai, relève d’une dynamique imprévisible de l’effondrement des institutions. Tout porte à croire que l’usure de l’instance politique est, aujourd’hui, encore plus avancée. On a vu, par la suite, à quelle vitesse l’URSS a implosé. Qui plus est, si dans les deux mois qui viennent, la France se retrouve bloquée, il faut bien le reconnaître : Hollande…, « c’est pas de Gaulle ! »

Le scénario serait le suivant. Après l’épisode pitoyable de la déchéance de la nationalité, l’exécutif s’entête sur la loi El Kohmri, de peur de perdre la face, quitte à la vider de tout contenu. L’enjeu n’est plus, dès lors, que symbolique, entre un pouvoir qui veut marquer sa souveraineté afin d’éviter la déroute et un peuple qui trouve là l’occasion d’affirmer la sienne, et son rejet d’un pouvoir absurde et inefficace. Le mouvement Nuit debout passe alors à la vitesse supérieure et se met à fonctionner « jour et nuit ». Il devient « viral », rejoint par la foule de ceux qui sont livrés à la paralysie d’une société de chômage de masse. Par contagion, c’est l’ensemble de la France qui s’engage dans une partie de bras de fer avec le pouvoir politique, jugé impuissant et inefficace, en débrayant, restant chez lui pour suivre sur les chaînes d’information en continu la chute de Hollande.

AUCUN PARTI NE PEUT RÉCUPÉRER UN TEL MOUVEMENT

Depuis quelque temps, les aspirants au renouvellement de la politique, du côté de Macron ou de NKM, nous expliquent que le monde a changé (ils parlent de l’économie, des technologies, etc.). Ils nous démontrent que, pendant ce temps-là, le politique est à la traîne et qu’il va finir par se faire « uberiser ». C’est peut-être ce qui est en train de se passer place de la République. Quelques centaines de jeunes gens auraient entrepris de renouveler de fond en comble l’offre politique. N’étant pas des professionnels, ils ne peuvent faire ça que la nuit. C’est la raison pour laquelle ils ne dorment plus. Il s’agit d’une tradition : c’était déjà comme ça en 1789, le 4 août, lorsqu’on abolissait les privilèges.

Bien entendu, aucune personnalité politique, aucune organisation, aucun parti ne peuvent récupérer un tel mouvement. Ni Mélenchon, ni le NPA ou le DAL. C’est comme pour le mouvement du 22 mars qui ne fut, en réalité, récupéré par aucun des groupes d’extrême gauche trotskyste ou maoïste qui le revendiquaient pas plus que par les syndicats ou le Parti communiste (les accords de Grenelle n’étant qu’une retombée collatérale).

Comment le pouvoir déliquescent actuel pourrait-il s’en sortir ? Je ne lui vois qu’une issue : tenir jusqu’en juin lorsque le peuple sera enfin devant ses écrans de télévision à regarder l’Euro et sera trop fatigué pour passer ses nuits place de la République.


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